J’ai jamais su faire semblant.
Jouer un rôle, inventer un truc de toutes pièces, me projeter dans quelque chose qui n’existe pas… ça me bloque. Même à l’école ou dans certains jobs, ça me mettait en difficulté. On me demandait d’analyser un poste fictif (qui n'existe vraiment pas dans vraie vie), de simuler une situation, par exemple, et c'est foutu ! C’est comme si mon cerveau refusait de coopérer. Non, mais vraiment ! Il lui faut du concret. Du vrai. Du sens.
Petite (avant mes 10 ans. Oups !), je lisais Chair de poule. Pas vraiment pour l’histoire, mais parce que ça me faisait marrer. Je demandais aussi à ce qu’on m’achète des journaux d’enquêtes criminelles. Pourquoi ? Aucune idée. Mais j’adorais. Enfin, maintenant, je sais ! Et pour info, on refusait de m'en acheter. Je me souviens que ma famille se demandait pourquoi je voulais tant lire ce genre d'évènements. Je leur ai fait peur, à mon avis ! [rire] Comme quoi l'habit ne fait vraiment, mais alors vraiment pas le moine.
Et puis un jour, vers 12 ans, j’ai pu choisir mon premier livre en librairie. J’ai pris un récit de vie, raconté par une fille de mon âge. C’était triste, et malgré l'empathie, je me souviens que j'arrivais à mettre de la distance. Je me sentais proche d’elle, même si on ne vivait pas la même chose, et je me posais des questions sur ce qu'elle est devenue. Je me souviens m'être dit qu'elle était courageuse d'oser raconter. Je crois que j’ai toujours été attirée par les histoires vraies. Même si je ne mettais pas encore ce mot-là dessus.
Depuis des années, je regarde l'émission Ça commence aujourd’hui. Un épisode par jour. C’est mon petit rituel. Et oui, j’aimerais un jour aller sur le plateau. Rencontrer Faustine Bollaert. Ce serait fou. Je demanderais qu’on me pince, c’est certain. [rire]
Au fond, ce que je retiens de tout ça, c'est que les gens ont envie de parler. De partager. Mais souvent, ils ne se connaissent pas vraiment. Ils n’ont jamais pris le temps de poser leur histoire. Et lire sa propre vie, noir sur blanc, c’est fort. C’est se regarder autrement. C'est se réconcilier avec soi, parfois. C’est se reconnaître, même dans les zones d’ombre. C'est s'autoriser à briller parmi le brouillard.
C’est pour ça que j’écris des biographies. Pas pour raconter la vie des autres. Mais pour qu’ils et elles puissent, un jour, se la raconter à eux-mêmes. Et ensuite, qu'elle soit raconter, partager aux autres. Car oui, ça aussi, ça peut aider beaucoup de personnes.
☀️ Un message pour toi, petit soleil : Ton histoire compte. Même si tu ne sais pas encore comment la dire. Même si personne ne t’a encore tendu l’oreille. Elle est là. Elle attend. Et un jour, elle brillera comme il faut.